Les récentes élections présidentielles ont abouti à :

  • une gauche à 30 % et un de ses candidats tout proche de déjouer le scénario du pouvoir d’un second tour Macron-Le Pen ;
  • une extrême-droite continuant sa progression mais heureusement battue au second tour ;
  • un président élu non par adhésion à son programme mais avant tout pour faire barrage à l’extrême-droite et décidé à accélérer sa politique anti-sociale.

Depuis, le contexte s’assombrit jour après jour : crise économique et sociale, inflation élevée et compression du pouvoir d’achat populaire,  crise environnementale, guerres. Sans compter une profonde crise politique attestée par exemple par les sondages indiquant que la majorité de la population ne veut pas une majorité macroniste mais bien une cohabitation.           Cette situation interpelle tou·te·s les démocrates et a fortiori tout·e syndicaliste conscient·e que les choix politiques ne sont pas sans influence sur les intérêts matériels et moraux des travailleurs et des travailleuses.

Car si c’est de toute évidence à une période d’intenses luttes sociales qu’il va falloir se préparer, nous ne pouvons être indifférents aux élections législatives qui arrivent et qui détermineront les politiques des années à venir. Il est dès lors de notre responsabilité de dire aux travailleuses et travailleurs de ce pays que leur intérêt impose que les candidat·es qui portent autre chose que la régression sociale fassent le meilleur score possible.

En effet,  une victoire (ou un poids important) de l’extrême-droite serait désastreuse pour le monde du travail. Feignant d’être anti-système, le RN est en réalité porteur d’un danger de régression sociale pour les classes populaires et il
représente un danger spécifique de fracturation sociale aggravée sur des bases communautaires, racistes, homophobes et sexistes, mettant en danger grave et imminent toute une partie de la population de France, souvent déjà la plus exploitée et stigmatisée. A côté des discours euphémisés de campagne, le RN ce sont des journalistes insultés voire menacés physiquement, des meetings dont le service d’ordre est assuré par des nervis de groupuscules d’ultradroite nostalgiques du nazisme et qui se terminent par des agressions contre des manifestant·es, des programmes qui assument des mesures discriminatoires, une réécriture de l’histoire assumée, une vision réactionnaire et antirépublicaine de l’École…

Mais une majorité de députés pour Macron porterait en elle-même également de graves dangers.
D’une part, car sa politique de casse sociale comme sa tactique constituent le meilleur agent électoral de l’extrême-droite. Nous n’oublions pas comment Blanquer ou Darmanin n’ont cessé de flatter l’extrême-droite en faisant de « l’islamo-gauchisme » ou du « wokisme » le principal danger menaçant la République… Ni Macron donnant une interview à Valeurs Actuelles, présentant Pétain comme un grand soldat, invoquant Maurras et demandant à Zemmour de lui rédiger une note sur l’immigration, dirigeant le pays en conseil de défense, niant le rôle et l’importance du Parlement.

D’autre part, Macron, président des riches et des affaires, petites ou grandes, n’a eu de cesse de poursuivre et amplifier les politiques mises en œuvre par les précédents gouvernements, en ayant comme seule boussole, la préservation des intérêts de la classe sociale la plus aisée et des ultra-riches.

Nous ne pouvons oublier le bilan accablant du point de vue du monde du travail, de l’environnement et des libertés du président Macron ni les graves menaces qu’il porte contre les retraites et les services publics par exemple, à commencer par l’Education Nationale menacée purement et simplement de disparition.

La nomination d’Elisabeth Borne au poste de premier ministre est tout à fait révélatrice : remarquée pour son inaction climatique, promotrice en chef aux côtés de Blanquer de l’apprentissage contre les Lycées professionnels, pilote de la « réforme » de la SNCF et de l’ouverture du rail au privé puis de la « réforme » de l’assurance-chômage réduisant les droits des allocataires…, soutien à l’ubérisation, sans compter son appui actif à une nouvelle « réforme » des retraites…

Face à ces deux blocs, l’union de la plupart des forces de gauche au sein de la NUPES dans la foulée des présidentielles ne peut que susciter l’intérêt des organisations syndicales de lutte et de transformation sociale et de la FSU, dans le respect de son indépendance vis-à-vis de ces forces.

Certes, certains aspects peuvent faire débat (retraite à partir de 60 ans et avec 40 annuités alors que nous défendons la retraite à 60 ans et avec 37,5 annuités, glissement sur la question européenne portant danger d’une Europe fédérale nous entraînant par exemple automatiquement dans un soutien à l’OTAN et aux Etats-Unis alors qu’il faut porter une voix forte et indépendante pour la paix dans le monde…) mais les avancées que cette union contient sur le plan programmatique (éducation, services publics, environnement, justice sociale…) correspondent en grande partie aux attentes que nous portons syndicalement depuis des années.

Une victoire électorale des forces de gauche constituerait un point de départ pour tenter de bloquer Macron, le MEDEF, pour stopper Le Pen et Zemmour, pour répondre aux attentes et pour rouvrir les perspectives de progrès social, de paix, de libertés à condition que, comme en 1936, la construction d’une mobilisation sociale d’ampleur permette d’appuyer le changement et d’obtenir de réelles conquêtes sociales contre les forces qui s’y opposeront (grand patronat, médias aux mains des milliardaires, institutions internationales…).

Oui, nous avons besoin d’une assemblée législative où les forces progressistes soient majoritaires, ou a minima suffisamment représentées pour que nos espoirs, nos luttes et l’avenir de notre jeunesse disposent d’un relais politique le plus étoffé possible.

 

Albi, le 24/05/2022