Le gouvernement a ouvert plusieurs discussions au ministère de la Santé : celle dite du « SÉGUR DE LA SANTÉ » concernant le système de soins, mais aussi celle autour de la création d’un « Cinquième risque » dans le cadre d’une loi « GRAND ÂGE ET AUTONOMIE » … Afin de « traduire tout ce qui peut l’être dans le prochain budget de la Sécurité sociale » .

 

La FSU appelle à une réflexion globale et cohérente sur l’ensemble de ces sujets ; réflexion qui doit apporter des réponses à la hauteur de l’importance des besoins.

 

LA CRISE SANITAIRE A MIS L’ACCENT SUR LA GRAVITÉ DE LA SITUATION

 

Personne , y compris le Président de la République ne peut plus contester l’état catastrophique dans lequel se trouve l’hôpital public . Si le système a tenu, face à la crise, c’est grâce à l’engagement admirable des personnels , à la force de leur attachement aux valeurs du service public .

 

La pandémie a mis au grand jour l’énormité du manque de moyens matériels et humains : manque de lits, d’hôpitaux, de personnels soignants, de médicaments à cause des délocalisations.

« Depuis 1996, les logiques financières ont fermé une centaine d’hôpitaux , supprimé 118 000 lits .  En dix ans , 60 000 postes ont été rayés avec un engorgement sans précédent des services d’urgence . De cette casse, , la population en paie douloureusement le prix » . (Le Courrier du retraité . Édito de Mars Le Disert . Avril 2020)

 

Une pénurie de médicaments, conséquence directe des choix de l’industrie pharmaceutique qui privilégie la rentabilité financière , a été évitée de justesse .

La crise a également mis les projecteurs sur la situation désastreuse dans les EHPAD et dans le secteur de l’aide à domicile . Le département du Tarn n’a pas été épargné, loin s’en faut . Á plusieurs reprises , des directeurs d’établissements ont lancé des appels de détresse .

 

  • La directrice de la résidence Élie Gasc à Soual a témoigné de la situation au cœur de son établissement ( la Dépêche du jeudi 2 avril titrait : «  Soual, la directrice de l’EHPAD en colère ».) Voici quelques extraits de sa déclaration : « je tiens d’abord à dire merci à nos emplois utiles souvent payés à peine plus d’un SMIC , à celles et ceux qui se lèvent tôt , les invisibles, pour soigner les parents, les proches, les familles, les enfants. Merci aux ASH, AMP, aides-soignants, veilleurs de nuit, à ma coordinatrice et aux cuisiniers qui distribuent les repas, qui font le ménage, donnent du soin, apportent de la bonne humeur, gardent le contact avec les familles de nos résidents »… Je constate que notre société envoie au carton tout ce personnel , avec des masques faits maison , des surchemises d’hommes qui servent de surblouses. Nous n’avons plus de gel, plus de masques, plus de blouses , plus de thermomètres . Nous sommes dans la débrouille et la solidarité » … « Je m’insurge contre ce système qui ne comprend pas que nos emplois utiles sont indispensables »…

 

  • Jeudi 14 mai 2020, la Dépêche titrait en première page : « EHPAD, la révolte des directeurs ». « Je fais ce travail depuis 15 ans ; on nous parle de chiffres mais la vie humaine ça n’a pas de prix et la mort des résidents, seuls, en EHPAD, n’est pas digne d’une société civilisée », assure Guillaume MARZOCCHI, président de l’Union départementale des établissements pour personnes âgées (UDEPA 81)

 

L’UDEPA interpelle aujourd’hui élus, collectivités , partenaires institutionnels et citoyens pour obtenir enfin du personnel en nombre suffisant , une augmentation significative des salaires et un vrai plan de formation.

« Ça fait presque six ans que l’UDEPA 81 a des relations cordiales avec les autorités locales . On est bien écoutés , mais derrière, il ne se passe rien! » déplore le président.

 

  • Le 15 avril 2020, l’intersyndicale des retraités du Tarn a adressé un courrier à la Préfète , au Président du Conseil Départemental et au délégué départemental de l’ARS pour leur faire part de « nos plus vives inquiétudes » concernant les conditions auxquelles étaient confrontés les résidents et les personnels des EHPAD. Seule la Préfète nous a répondu le 27 avril pour nous dire : «  Je comprends votre inquiétude »… « Soyez assurés que l’État est pleinement mobilisé pour répondre à cette crise le plus efficacement possible aux côtés des professionnels de santé comme des collectivités territoriales »…

 

LES CAUSES DE CETTE SITUATION SONT CONNUES …

 

Les politiques de réductions drastiques des dépenses de santé infligées à l’hôpital public par les gouvernements successifs depuis 20 ans , en application des directives de Bruxelles , ont eu des répercussions néfastes sur toute la vie de l’hôpital . Ajoutons-y le fait que celui-ci a été soumis à l’obligation d’être géré selon les normes de l’entreprise !

Ces politiques, au fil des années , ont profondément dégradé les conditions d’accueil et de soins . Elles ont aussi touché les personnels de plein fouet avec des conditions de travail de plus en plus insupportables et des salaires déjà très insuffisants non revalorisés.

Au niveau des EHPAD, ce sont les mêmes politiques financières , ce manque énorme de moyens qui ont fait des dégâts considérables et continuent à en faire.

Cette carence insupportable de l’engagement public pour les établissements médicaux sociaux laisse un boulevard aux géants des EHPAD , tels KORIAN et ORPEA , pour qui « l’âge et la dépendance » sont un marché et les « vieux » une marchandise comme une autre .

Albert PAPADACCI , délégué syndical CGT chez KORIAN nous rappelle ( l’Humanité du 21 avril 2020) que ces mastodontes du privé à but lucratif sont financés à plus de 45% par de l’argent public  , ce qui leur permet de payer 60% des salaires de leurs structures . Et KORIAN , ensuite, peut se montrer généreux avec ses actionnaires qui ont reçu , en 2019, 65 millions de dividendes selon la CGT.

 

… ET LES REMÈDES AUSSI !

*Au niveau de l’hôpital public :

Pour la FSU , il faut considérer l’hôpital comme un lieu où la prise en charge de l’humain est au cœur des préoccupations . Pas question de calquer son fonctionnement sur celui des entreprises. Pour que cette conception du soin puisse être mise en œuvre , il faut des moyens :

–  Créer des postes avec des personnels formés relevant de la Fonction publique hospitalière et non des contractuels ,

–  Alléger la charge de travail des soignants et non l’alourdir par un quelconque assouplissement des 35 heures ,

–  Revaloriser substantiellement les salaires ,

–  Augmenter le numerus clausus de plus de 5000 par an pour remédier à la désertification médicale ,

–  Relocaliser l’industrie pharmaceutique et créer un pôle public du médicament.

 

*Au niveau des EHPAD:

La FSU portera les revendications suivantes dans les discussions :

–  Création d’un grand service public national de l’autonomie avec la construction d’établissements médicaux-sociaux dotés de personnels statutaires plus nombreux, plus qualifiés, mieux rémunérés et ayant de meilleures conditions de travail.

–  La prise en charge à 100% de la perte d’autonomie , quel que soit l’âge, dans le cadre de la branche maladie de la Sécurité sociale, que ce soit au domicile ou en établissement.

–  Nous considérons que la prise en charge de la perte d’autonomie doit relever de la solidarité nationale et, par conséquent, être assurée par la Sécurité sociale en intégrant le « droit à l’autonomie » dans la branche maladie.

–  Nous refusons la logique de création d’un cinquième risque qui serait assorti d’un financement spécifique relevant de la responsabilité des plus de 60 ans comme l’a proposé l’ancien président de la MGEN.

–  La perte d’autonomie est un risque de la vie qui peut, d’ailleurs, survenir à tout âge et pas seulement après 60 ans. Ce  risque doit , de ce fait , relever de la solidarité nationale et être couvert par l’assurance maladie .

–  Son financement nécessite des recettes supplémentaires . Cela peut se faire à partir des cotisations sociales , en commençant par remettre en cause les différentes exonérations (27,3 milliards d’euros en 2017) ou en luttant contre l’exil fiscal et social.

 

Que ce soit pour l’hôpital public, que ce soit pour les EHPAD, seul le service public peut s’inscrire hors des logiques marchandes , pour protéger, soigner, améliorer le bien-être de l’ensemble de la population.