Le mercredi 2 octobre, une délégation de la FSU a été reçue par la nouvelle ministre de l’Éducation nationale Anne Genetet et son cabinet. Cet échange visait à aborder la situation critique de l’école et de ses personnels et à faire entendre leurs revendications face à une crise structurelle de grande ampleur.

5 ministres en 18 mois

Lors de son propos liminaire, la FSU a rappelé le contexte particulièrement difficile auquel sont confrontés les personnels. En l’espace de 18 mois, cinq ministres se sont succédé à, sans répondre aux attentes des personnels ni apaiser les tensions. Cette instabilité a créé un profond sentiment de défiance, renforcé par l’absence de dialogue social et par l’imposition de réformes successives largement rejetées par la profession.

Alors qu’il y a nécessité d’un plan ambitieux et d’un budget à la hauteur des besoins de l’École, la ministre insiste sur l’enveloppe financière contrainte, utilisant des éléments de langage similaires à ses prédécesseurs.

Des réponses insatisfaisantes aux enjeux de fond

Sur plusieurs dossiers majeurs, les réponses de la ministre sont restées floues ou évasives. Elle admet que les réformes éducatives ne peuvent pas s’empiler mais la ministre n’enterre pas les programmes de cycle 1 et 2 pour lesquels le travail a déjà été engagé. Elle ne se prononce pas sur les critiques et les votes défavorables de la communauté éducative au Conseil supérieur de l’éducation. Elle confond labellisation des manuels et certificat de conformité aux programmes comme si les éditeurs publiaient des manuels non conformes.

Concernant l’école inclusive, si la ministre a reconnu le manque de formation des personnels, elle est restée silencieuse sur les enseignements adaptés et les besoins criants de places, en particulier dans les ESMS (Établissements Sociaux et Médico-Sociaux).
Le budget 2025 et la question des fermetures de classes sont également restés dans le flou. La ministre a simplement évoqué la progression du taux d’encadrement, sans rassurer sur les moyens concrets qui seront mis en œuvre pour stopper la dégradation des conditions de travail.

Enfin, elle n’a donné aucune réponse à propos du plan d’urgence du 93, une question cruciale pour les établissements de Seine-Saint-Denis. La demande de rencontre de l’intersyndicale de ce département, rappelée à deux reprises, est restée lettre morte.
Des réformes en suspens, un bilan attendu
Pour la ministre, le pacte enseignant doit faire l’objet d’un bilan quantitatif et qualitatif avant d’envisager de nouvelles orientations. Toutefois, la FSU a souligné que ce dispositif a déjà suscité une forte opposition, ce que confirme une enquête de la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance).

La réforme de la formation initiale, qui avait été très critiquée, sera réétudiée en lien avec le ministère de l’enseignement supérieur, sans laisser présager d’une modification des contenus de formation.

Des perspectives limitées par des contraintes budgétaires

Cet entretien a confirmé que la nouvelle ministre de l’Éducation nationale évolue de façon strictement encadrée, avec peu de marge de manœuvre. Bien qu’elle souhaite afficher une volonté de dialogue, les contraintes budgétaires et les choix politiques nationaux limitent ses actions. Les dossiers majeurs risquent de rester en suspens, exacerbant ainsi la frustration et la colère des personnels.

La FSU continuera de se mobiliser pour obtenir des réponses concrètes et des avancées significatives, notamment sur les questions salariales, les conditions de travail et la reconnaissance des métiers. Le dialogue social, souvent évoqué, devra se concrétiser dans les actes.