Le jeudi 29 novembre 2018 s’est tenue à Laboutarié l’assemblée générale des retraités de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) du Tarn. Une trentaine de militants se sont retrouvés dans une ambiance très conviviale dans la salle de réunion du restaurant l’Impérial.
Pour l’occasion, ils ont invité Marylène CAHOUET de la section retraités du bureau national et lancé un appel aux fédérations de retraités des départements limitrophes. Il faut remercier Jean-Louis Viguier qui a répondu à cet appel pour le Lot malgré la distance et les barrages des gilets jaunes.
Après un court temps d’accueil autour d’un café , les travaux ont débuté rapidement, l’ordre du jour étant chargé et l’actualité locale et nationale tout autant.
Premier sujet brûlant : la future réforme des retraites. Marylène CAHOUET par ailleurs représentante de la FSU au Haut Conseil de l’Âge observe que les contours de cette « transformation » (on ne dit plus réforme en Macronie) sont toujours mal connus et que les organisations syndicales sont systématiquement contournées par le Haut Commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye : soit écartées de la concertation comme la FSU et Solidaires , soit réunis en mode bilatéral , pour faire un état des lieux mais sans que vraiment ne leur soit présenté de projet concret.
Elle n’en demeure pas moins persuadée que cette réforme s’inscrit comme toutes celles qui l’ont précédée dans une logique de démolition systématique du modèle fondé sur la solidarité mis en place à la Libération : le système par points remettant en cause le principe fondateur de la redistribution. Même si le président Macron s’abrite derrière le slogan : « un euro cotisé donne les mêmes droits quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé », la grande inconnue reste la valeur de cotation des points acquis par chacun au moment du départ à la retraite .
Personne ne peut dire ce que deviendront les bonifications (périodes de chômage, majoration de pension pour enfants et pensions de réversion) .Une chose est sûre, le montant des pensions va continuer à baisser , non seulement de fait de la hausse de la CRDS (+0,5%) , de la CASA (+ 0,3%) , de plusieurs années de gel des pensions , de l’augmentation de la CSG de 1,7 point au 1 – 1 – 2018, du report de la misérable revalorisation de 0,3% ( 2018 restant année blanche )en janvier 2019 et en 2020 alors que l’inflation repart à la hausse (+ 2% en octobre) mais aussi du fait de la prise en compte pour le calcul de la pension de l’ensemble de la carrière des fonctionnaires plutôt que des six derniers mois comme c’est le cas actuellement .
À l’issue de cet exposé, les questions et les réactions de la salle sont nombreuses concernant le sort des pensions de réversion, l’impact de la réforme sur les retraités actuels, le refus de considérer la pension comme un droit lié au travail, l’individualisation forcenée illustrée par la réplique à la fois culpabilisatrice et méprisante : « si vous avez une mauvaise retraite, c’est parce que vous n’avez pas assez travaillé » . Certains se demandent même s’il ne faudra pas reprendre la formule percutante de la CGT en 1910, reprise-t-elle même d’un discours de Jules Guesde dénonçant « une retraite pour les morts » !
En milieu de matinée, Benoît Foucambert Co- secrétaire départemental du SNES et de la FSU est venu entre deux cours apporter le point de vue des actifs en faisant un point sur l’actualité (réforme du lycée enfermant l’élève devenu « entrepreneur de lui-même » dans une hyperspécialisation précoce avec au bout un baccalauréat dévalorisé , développement massif de l’apprentissage placé sous la houlette du patronat …) autant de mesures à replacer rappelle-t-il dans le cadre des accords européens qui tendent tous vers la remise en cause de la fonction publique .
Le débat qui s’ensuit tourne alors autour de la question : comment s’opposer efficacement à ces mesures ? Quelles propositions opposer à celles-ci ? Quelques réflexions fusent dans le public : « la loi ne fait qu’entériner un rapport de forces à un moment donné » , « les syndicats sont plus réactifs que véritablement actifs , n’étant pas assez des forces de proposition » « il nous faut reconstituer un Front Populaire » « il faut refuser la stigmatisation des gilets jaunes » etc…
Les travaux se poursuivent avec une intervention de Georges Falgayrac sur le thème : « où en est le capitalisme aujourd’hui » dans laquelle il pointe :
- La financiarisation à outrance
- La marchandisation de l’humain.
- L’accumulation et la concentration des richesses .
Et pour cela , il convient de :
- casser les statuts (ex cheminots, loi travail …)
- casser l’hôpital et au-delà tout le système de santé en général.
Enfin pour clore la matinée, un représentant tarnais de la Libre Pensée alerte sur les menaces qui pèsent sur la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905. Ce combat pour la laïcité prendra la forme d’un rassemblement devant la Préfecture du Tarn le samedi 8 décembre 2018 à 10 heures.
Après le repas pris sur place, l’ordre du jour se poursuit avec Georges Falgayrac à nouveau qui procède à un tour d’horizon du contexte international en pointant trois aspects mayeurs :
- Les menaces sur la paix.
- Les menaces sur l’environnement.
- La montée des populismes (principalement d’extrême droite tant en Europe qu’en Amérique Latine)
Pour développer le second aspect , il s’appuie sur un texte de Daniel Rallet paru dans l’US Magazine du 22 septembre 2018 « l’urgence s’impose » qui dénonce notamment la paralysie de l’État en matière de transition énergétique , paralysie que nous observons en ce moment même et qu’il attribue fort lucidement à « la présence des lobbyistes dans les cercles du pouvoir »
Il appartient ensuite à Marylène CAHOUET de traiter le thème des « dérives assurantielles de la MGEN » :Celle-ci a introduit 4 piliers de cotisation plus ou moins onéreux et de dire quelques mots sur la loi de financement de la perte d’autonomie dont une grande partie reviendrait aux intéressés eux-mêmes, au mépris de la solidarité nationale.
La journée se clôt sur les inquiétudes à propos de l’avenir de la Fédération Générale des Retraités (FGR) minée par des querelles intestines ayant entraîné le départ de 15 000 adhérents du Syndicat des Enseignants (SE) . Depuis, celle-ci peine à retrouver l’équilibre financier et à élargir son champ de syndicalisation à tel point que son prochain congrès prévu au Mans du 2 au 4 avril 2019 s’avèrera crucial.
De l’avis de Marylène CAHOUET elle-même et de Jean-Louis Viguier cette journée de retrouvailles faite d’échanges et de débats s’est révélée fort riche.
PS : cette journée a été coordonnée par :
FALGAYRAC Georges
RAYMOND Danielle
VERMANDE Jean-Claude et PENA BATISTA Dario
Avec le Concours de la FSU81