Alors que nous sortons d’un quinquennat placé paraît-il sous le signe du changement, la dotation départementale ne fait pas apparaître d’évolution majeure pour la rentrée 2017 et se place comme les précédentes sous le signe de la stagnation voire de la dégradation.

Concernant les collèges, les classes seront encore bien souvent trop chargées. Cela tient au fait qu’il n’y a pas de politique éducative volontariste pour faire de la baisse des effectifs une priorité mais bien plutôt une gestion comptable de l’Education fixant des seuils selon des critères essentiellement économiques (30 au collège, 35 au lycée) qui ne permettent pas un travail serein ni des modalités pédagogiques aussi diversifiées que ce que l’on souhaiterait dans l’intérêt des élèves.

Beaucoup de classes de collèges auront donc des effectifs supérieurs à 28 voire 29. Pour ne citer que cet exemple, ce sera le cas des sixième dans 6 collèges du département. Des établissements, tels celui de Blaye, seront d’ailleurs en difficulté importante, cumulant des effectifs trop lourds dans tous les niveaux.

Nous rappelons que cette surcharge récurrente des classes n’est pas étrangère à la baisse régulière du niveau des élèves constatée par les diverses enquêtes internationales (PISA, TIFF…).

A cette approche globale s’ajoutent les vives inquiétudes liées aux conditions d’accueil des élèves les plus en difficulté.

D’une part, nous regrettons la diminution des moyens REP pour le collège de Graulhet qui perd 15 heures à ce titre alors qu’il voit augmenter le nombre d’élèves défavorisés.

D’autre part, nous déplorons l’affaiblissement du dispositif qui permettait d’augmenter la DGH des collèges en fonction de la proportion d’élève en difficulté. Cet affaiblissement d’un dispositif que nous avions obtenu pour davantage de justice sociale retranche dans les établissements 65 heures (c’est-à-dire l’équivalent de presque 3.6 ETP).

Enfin, concernant les collèges, nous ne pouvons faire l’impasse sur la situation des SEGPA qui entraîne une importante mobilisation des collègues avec un rassemblement départemental le 22 février, un rassemblement académique devant le Rectorat avant-hier et un autre aujourd’hui même devant ce CDEN.

Cette année, la DGH des 8 segpa et demi de notre département fait apparaître une perte de 24,5 heures. C’est le résultat de l’application aux SEGPA de la dangereuse réforme des collèges et cette dotation en baisse aboutira à une dégradation des conditions de travail pour les enseignants et d’apprentissage pour les élèves en rendant encore plus difficile la prise en compte des besoins des élèves de SEGPA.

De même, l’évolution de la 6ème SEGPA avec la volonté affichée par le Ministère d’aller vers l’inclusion des élèves de l’enseignement adapté dans les classes dites « normales » posent un problème de fond : comme le montrent la plupart des témoignages sur l’inclusion réelle et pas fantasmée, les élèves de SEGPA sont en grande souffrance quand ils sont inclus dans des classes de collège. En effet, ce n’est pas pour rien que l’enseignement adapté a été créé avec une structure dédiée et des compétences spécifiques pour les enseignants qui leur permettant de répondre aux besoins d’enfants à besoins spécifiques.

La FSU alerte contre toute mise en cause de la structure SEGPA ; elle soutient pleinement la mobilisation des collègues de SEGPA et réclame a minima la restitution des moyens perdus.



Nous voulons aussi attirer l’attention sur la situation de l’Allemand sur Albi. Si les choses restaient en l’état, il ne resterait plus qu’un bout de poste fixe dans un seul collège de l’Albigeois dans le public, alors que le privé voit les demandes exploser en 6ème bilangue et a ouvert un poste fixe supplémentaire en 2016. Les professeurs d’allemands du public doivent faire l’objet d’un soutien particulier leur permettant de redynamiser l’enseignement de cette langue car suite à la réforme, plus aucun poste fixe ne pourra voir le jour sans effort sur des services partagés. Il nous semble donc nécessaire d’aller vers la création d’un poste partagé entre le collège Bellevue et le collège Jean-Jaurès.



Enfin, nous alertons une nouvelle fois sur les effets de la Réforme du collège qui d’une part ne se traduit nullement par de meilleures conditions d’apprentissage pour les élèves et d’autre part entraîne une colossale surcharge de travail pour les enseignants forcément moins disponibles pour leurs élèves. La multiplication des réunions, le flou des injonctions autour du LSU, la modification du DNB et des programmes des 4 niveaux en collège en même temps… noient les collègues sous des consignes descendantes souvent contradictoires. Cette évolution managériale qui somme les collègues de répondre à des demandes diverses, subites, incohérentes et bien éloignées de leur cœur de métier n’est pas pour rien dans le désarroi actuel d’une grande partie de la profession qui a à cœur la réussite des élèves et aspire à pouvoir s’appuyer sur une administration lui donnant les moyens d’y parvenir.

Au lycée général et technologique, les dotations sont assez cohérentes et tiennent compte des augmentations d’effectifs prévus. Mais cela ne permettra en aucun cas d’améliorer la situation dans les lycées et les possibilités de réussite des élèves car le H/E sera l’an prochain au même niveau que l’année dernière, bien inférieur à ce qu’il était en 2010.

Les classes à 35, en seconde notamment mais aussi en première et en terminale seront évidemment nombreuses. De tels effectifs, nous l’avons aussi régulièrement dit, induisent une charge de travail supplémentaire pour les personnels qui encadrent les élèves et des conditions d’apprentissage dégradées pour les élèves.

Dans ce cadre, les situations ubuesques ne manqueront pas à nouveau l’an prochain comme, par exemple, la mise en place au lycée de Lavaur d’une classe de Terminale regroupant des élèves d’ES/L/S ou la suppression de demi-groupes en mathématiques liés à la gestion de la pénurie.

Les HSA prévues sont toujours trop nombreuses et inégalement réparties selon les établissements.

En BTS, l’obligation d’accueillir les apprentis dès lors qu’ils ont un contrat signé avec une entreprise aboutit à des situations complexes. Par exemple, à Rascol, pour une section de BTS recrutant à 30, on a dénombré jusqu’à 38 étudiants l’année dernière. Cela met en grande difficulté les enseignants comme les élèves devant une hétérogénéité très grande et des calendriers différents, d’autant que les groupes et le matériel des ateliers sont prévus pour 15 étudiants.

Enfin, il nous semble important d’évoquer les problèmes liés à « l’orientation » en fin de seconde depuis que le redoublement n’existe quasiment plus. Cela a entraîné une dégradation des filières STMG et même STI2D avec des élèves peu motivés et en difficulté qui se retrouvent par défaut dans ses filières qu’ils n’ont pas souhaitées.

Concernant les LP, la politique menée lors de ce quinquennat n’a pas été à la hauteur des enjeux concernant la voie professionnelle publique sous statut scolaire. Les annonces sur la création de 500 nouvelles formations arrivent bien tard et semblent mises à mal par les rectorats et les régions qui freinent leur mise en œuvre. Dans notre grande région occitanie, ce seront à peine 7 formations ouvertes contre par exemple 83 pour la grande région de Bordeaux-Limoges.

Dans notre département, une seule ouverture sera proposée, mais en mention complémentaire, et donc aucune place supplémentaire pour accueillir les jeunes issus de 3°.

Et pourtant, ouvrir des filières de CAP et de BAC PRO participerait pleinement à l’objectif affiché du gouvernement et du ministère de lutter contre le décrochage et les sorties sans qualification pour les élèves fragiles.

Les lycées professionnels sont de formidables outils de réussite pour les jeunes les plus défavorisés. Faire de l’Education et de la formation une réelle priorité passe par la poursuite d’une politique éducative qui doit intensifier certaines mesures comme celle de faire rentrer les lycées professionnels dans l’éducation prioritaire.

La FSU a pris acte des annonces de la ministre et veillera à ce que les 450 postes affectés dans les lycées à la rentrée prochaine le soient réellement dans les établissements les plus en difficultés. Cependant, une carte nationale de l’éducation prioritaire basée sur des critères nationaux et transparents doit être élaborée sans attendre.

Encore une fois, la répartition des moyens horaires que vous nous présentez pour notre département nous interroge.

Pour la prochaine rentrée scolaire, vos prévisions affichent avec un taux d’encadrement à 2.175, alors que le CTA a prévu d’attribuer taux d’encadrement moyen prévu pour l’académie de 2.266. Ce sont 285 heures pour les élèves de LP et SEP du Tarn qui manquent.

Quels que soient donc les domaines que nous observons, rien n’est fait pour s’attaquer au fond aux problèmes récurrents que connaît notre école Républicaine.

Au contraire : plus s’accumulent les réformes, toujours au nom du progrès, de la réduction des inégalités… et plus les résultats se dégradent et démentent point par point les proclamations officielles avec à la clé échec scolaire, baisse inquiétante des connaissances dans certains domaines et inégalités de résultats fortement corrélées aux catégories socio-professionnelles.

Faut-il voir dans une situation une incompétence de ceux qui définissent et pilotent les réformes depuis tant d’années ? Ou s’agit-il au contraire d’une politique délibérée pour mettre l’Ecole républicaine au pas d’une politique formatée au niveau continental pour réduire services publics, protection sociale, garanties collectives, tandis que l’affairisme, les petits arrangements et petits cadeaux entre amis, le mensonge, la concurrence généralisée, le mépris de la culture paraissent s’imposer comme les valeurs dominantes ?

Une partie de la réponse se trouve certainement dans une revue de l’OCDE de 1996 où l’on avertit que pour contourner les résistances populaires aux régressions, « il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement (…) supprimer telle activité. »

La pratique cynique de s’attaquer au nom du peuple aux intérêts dudit peuple, de transformer dans le discours des régressions en progrès, l’absence de morale en politique se payent toujours au prix fort, celui d’un affaiblissement de la démocratie politique et sociale. Les soubresauts sordides de la campagne électorale, les graves dangers qu’elle porte par exemple quand la justice est gravement mise en cause par des candidats dont les propos nauséeux ne sont, eux, pas fictifs, tout ceci témoigne d’un état de pourrissement préoccupant dans lequel est plongé notre pays.

Avant les élections, comme après, la FSU sera aux côtés des personnels pour défendre leurs revendications et elle sera fidèle à ses engagements pour alerter et résister face aux dangers qui pèsent sur nos services publics et au-delà sur notre démocratie.

Source: fsu81